DISCOURS DU COORDONNATEUR RÉSIDENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES À MADAGASCAR pour le LANCEMENT DES 16 JOURS D’ACTIVISME POUR ÉLIMINER LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
« Vers le 30e anniversaire de la Déclaration et du programme
d’action de Beijing : TOUS UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard
des femmes et des filles »
Thème : « Vers le 30e anniversaire de la Déclaration et du programme d’action de Beijing : TOUS UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles »
Thème national : « Riposter et se reconstruire après les violences ! »
Excellence Madame la Première Dame,
Madame la ministre de la Population et des Solidarités,
Mesdames et messieurs, en vos rangs et qualités respectifs,
Tout d’abord je présente les excuses de M. le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies qui est en déplacement hors de Antananarivo et qui m’a demandé de le représenter. C’est donc un grand honneur pour moi
de prendre la parole au nom du Système des Nations Unies à Madagascar, à l'occasion du lancement des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre.
Après près de 30 ans de mise en œuvre du programme d’action de Beijing pour l’avancement du droit des femmes, les violences basées sur le genre constituent encore l’une des violations majeures des droits humains. Elles demeurent omniprésentes dans toutes les sphères. À l’échelle mondiale, on estime que près d’une femme sur trois a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, ou par une autre personne, au moins une fois dans sa vie.
Madagascar figure parmi les vingt pays du monde où le taux de mariage d’enfants est le plus élevé, avec 39 % des femmes âgées de 25 à 49 ans vivant déjà en union avant l'âge de 18 ans, et 12 % avant l'âge de 15 ans. A Madagascar, plus d’un tiers des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans déclarent avoir subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur mari ou partenaire intime. Une jeune adolescente sur cing, âgée de 15 à 19 ans, déclare avoir subi des violences physiques et près d’une sur dix des violences sexuelles. Trois hommes sur dix et quatre femmes sur
dix estiment qu'il est acceptable qu'un homme batte sa femme. Cependant, les services de prise en charge ne sont accessibles qu’à 15 % des femmes et des filles survivantes de violence basées sur le genre. Je viens de lire un livre d’une auteure malagasy, Hary Rabary, sous le titre #ZaKoa, soit la traduction en malagasy de #MeeToo, qui raconte comment une jeune fille est abusée par un professeur de son lycée, puis comment elle est agressé sexuellement par son petit ami qui organise un viol collectif. Mais le pire de tout, le calvaire pour cette jeune femme, est que son entourage la couvre de honte, son père la bat, ses camarades ternissent sa réputation faisant d’elle la coupable, une fille facile qui se donne à tous. Ecoutons la voix de cette auteure qui fait entendre la lutte de celles qui se reconstruisent envers et contre tout, et surtout contre tous. Changeons surtout les normes sociales qui font des victimes des coupables., qui stigmatisent et ostracisent des femmes et des jeunes filles qui ont subi des agressions sexuelles, détruisant encore plus profondément leur dignité et leur confiance en elles-même. Ce livre nous parle du thème de la campagne de cette année : ‘Riposter et se reconstruire après les violences ».
Excellence Mme la Première Dame, Mesdames et Messieurs,
Les violences basées sur le genre ont des conséquences à court et à long terme pour les femmes et les jeunes filles, mais aussi pour la société dans son ensemble. Outre l'impact direct sur la vie ou la santé physique, mentale, sexuelle et reproductive des femmes et des filles, elles portent atteinte à la dignité, à la sécurité et à l’autonomie des survivantes, affectant leur participation à l'éducation, au marché du travail et à la vie publique et politique. Elles freinent ainsi les contributions que les femmes et les filles pourraient apporter au développement du pays.
Pourtant nous sommes convaincus qu’il est possible de prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles et qu’il n’y a jamais eu autant de données factuelles montrant des solutions efficaces. Une approche globale, à l’échelle de la société dans son ensemble, reposant notamment sur les organisations de défense des droits des femmes, est la plus efficace pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles. Il s’agit à la fois d’appuyer les survivantes de ces violences, mais aussi de mettre en place des systèmes de politique et de justice sensibles au genre, d’instaurer une tolérance zéro vis-à-vis de toutes formes d’abus et violence au sein des administrations et organisations, et de redoubler les efforts de prévention. Il est essentiel de
s'attaquer aux causes profondes de la violence à l’égard des femmes et des filles, notamment en transformant les masculinités néfastes, en remettant en cause les normes sociales discriminatoires à l’égard des femmes. Enfin l’émergence d’un mouvement féministe solide et autonome est souvent le facteur le plus critique pour promouvoir un changement politique en vue d’éliminer la violence à l’égard des femmes.
À l’occasion de cette cérémonie de lancement des 16 jours d’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, renouvelons notre engagement en faveur d’un monde où chaque femme et chaque fille puisse jouir de la dignité et de l’égalité, en vivant à l’abri de toute forme de violence et de préjudice. Transformons les 16 jours d’Activisme en 365 jours d’action!
Au nom du système des Nations Unies, je tiens à remercier toutes les parties prenantes qui ne ménagent aucun effort pour éradiquer toutes formes de violences, et particulièrement Madame la Première Dame de Madagascar et Championne de la lutte contre les violences basées sur le genre. Continuons notre lutte pour que nos mères, nos sœurs, nos filles soient à l’abri des violences et pour que nos pères, frères et fils adoptent des attitudes positives à l’égard des femmes et rejoignent ce combat contre les violences. Je vous remercie de votre aimable attention. Misaotra tompoko