Renforcer l'engagement en faveur de la paix, des droits humains et du développement durable à Madagascar.
En prélude au Sommet du futur (2024), qui vise à promouvoir des solutions multilatérales pour des lendemains meilleurs
En prélude au Sommet du futur (2024), qui vise à promouvoir des solutions multilatérales pour des lendemains meilleurs, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a publié un nouvel agenda pour la paix. Ce document présente la vision du Secrétaire général des efforts multilatéraux en faveur de la paix et la sécurité, fondés sur le droit international, pour un monde en transition. Il souligne que des actions majeures sont nécessaires aux niveaux mondial et national pour faire face aux menaces contre la paix et le développement et qui empêchent de réaliser la promesse de la Charte des Nations unies et des objectifs de développement durable (ODD).
Le message du Secrétaire général décrit la corrélation entre la paix, les droits humains et le développement. On ne saurait trop insister sur l'actualité de ce message, compte tenu des récentes élections présidentielles et des prochaines élections législatives et municipales à Madagascar. Madagascar a souffert de crises successives (cycliques) et de fortes tensions qui continuent d’affaiblir le tissu social et économique de la société. Cette période d'élection présidentielle n'a pas fait exception car nous avons constaté une fois de plus que "La défiance à l’égard des institutions publiques s’accroît, alimentée par l’exclusion et la marginalisation". Un nouveau mandat présidentiel et les futures élections municipales et législatives présentent l'occasion de définir un nouveau contrat social et politique pour Madagascar, car « l’Union fait la force ».
L'engagement pacifique de toutes les parties et de tous les Malgaches à discuter de leurs différends dans le cadre des processus démocratiques et inclusifs, y compris par le biais des élections et du dialogue, fondera les bases de la définition d'une nouvelle orientation constructive pour les programmes humanitaires, de paix et de développement.
Diagnostiquer les défis : les messages clés du Secrétaire général
Le défi mondial pour la paix et le développement est aussi manifeste qu'effrayant. Nous devons considérer la paix comme étant plus qu'une simple absence de conflit et de violence, où l'équité, la justice, le respect des droits de l'homme et de la planète contribuent à une société harmonieuse. Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, a identifié et mis en exergue une énigme essentielle : il ne peut y avoir de paix sans développement ; il ne peut y avoir de développement sans paix ; et il ne peut y avoir de paix et de développement durables sans respect des droits humains. Si l'un de ces trois piliers est faible dans une nation ou une région, c'est toute la structure qui se trouve fragilisée.
Le programme renouvelé du Secrétaire général pour la paix soutient que les inégalités et les injustices, au sein des nations et entre elles, donnent lieu à de nouveaux griefs. Selon le Secrétaire général, l'urgence pour tous les pays de s'unir, de tenir la promesse des Nations unies, a rarement été aussi importante. Le changement climatique, associé à une marginalisation économique, sociale et politique croissante, ainsi qu'à une insécurité généralisée, ont rendu les jeunes du monde entier désabusés quant à leurs perspectives. La note d'orientation du Secrétaire général soulève également des inquiétudes quant au rétrécissement de l'espace de participation civique. Les outils numériques qui auparavant ont créé des voies inconcevables pour la participation civique, en particulier pour les jeunes, sont désormais utilisés pour restreindre l'espace civique et démocratique.
En cette année qui marque le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains, les droits qu'elle énonce n'ont jamais été aussi pertinents. Corriger les déséquilibres susmentionnés mérite donc une attention prioritaire pour que les droits et principes de la Charte se concrétisent.
Changement de paradigme en faveur de la prévention
Tout ceci n’est possible que si une attention particulière est accordée au soutien à l'action nationale en faveur de la paix. En reconnaissant que le mépris des droits humains est une cause profonde de conflit, nous plaçons la dignité inhérente, l'égalité et les droits inaliénables de tous les membres de la famille humaine au centre de nos efforts, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, d'âge, de religion, d'origine politique, nationale ou sociale, de propriété, de naissance ou de tout autre statut. En investissant dans la reconnaissance, la promotion et l'éducation aux droits humains, nous sommes en mesure d'établir une base solide et inclusive pour les stratégies de consolidation de la paix et de prévention des conflits.
Un engagement renouvelé en faveur de la prévention doit commencer par le renforcement de la confiance sociale et politique, tout en investissant dans les capacités nationales de prévention et le renforcement des systèmes et institutions de contrôle de la vie civique et démocratique qui contribuent à la paix et la cohésion sociale. L'efficacité des stratégies nationales de prévention sera renforcée par une approche intégrée à l’échelle du gouvernement et de la société fondée sur un développement durable qui ne laisse personne ni aucune région de côté. L’esprit du « Fihavanana », énoncé dans le préambule de la Constitution de la Troisième République malgache prend ici tout son sens.
Il y a lieu de souligner l’importance du renouvellement du rôle des états membres, comme Madagascar, dans le nouvel agenda pour la paix. Il est attendu que les États membres élaborent des stratégies de prévention au niveau national pour s'attaquer aux différents facteurs et catalyseurs des tensions sociales et tirer parti des opportunités de paix. Ces stratégies pourraient contribuer à renforcer l’État pour l’aider à répondre aux attentes de ses citoyens et à le tenir responsable et redevable à promouvoir l'État de droit et à renforcer la société civile et les droits humains, afin d'assurer une plus grande inclusion et une plus grande solidarité.
Les processus électoraux pacifiques et inclusifs constituent une occasion de consolider et d'approfondir la démocratie, les droits humains, le développement durable et la prospérité. En garantissant la transparence et l'impartialité des processus électoraux et des institutions connexes, un pays amorce des mesures décisives pour instaurer la confiance politique et la responsabilité.
En ce moment où le monde promeut la culture de la paix à travers la campagne « la paix commence avec moi » pour le 75è anniversaire des casques bleues et célèbre le 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains, il est essentiel que les principaux acteurs de Madagascar, dirigeants politiques comme citoyens, donnent la priorité à la prévention en faveur de la paix, qui passe entre autres, nécessairement par une atmosphère de tolérance, de confiance mutuelle et d'inclusivité dans tous les efforts de développement durable du pays.