Lancement du projet de gestion durable de la faune à Madagascar (Sustainable wildlife mangement programme)
30 avril 2019
- Concilier sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales et conservation de la faune sauvage : Madagascar lance ce jour son projet de gestion durable de la faune, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme global financé par le 11ème Fonds Européen de Développement de la Commission Européenne pour une stratégie intra-ACP (groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) déclinée dans douze pays ACP pilotes.
Madagascar lance ce jour son projet de gestion durable de la faune, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme global financé par le 11ème Fonds Européen de Développement de la Commission Européenne pour une stratégie intra-ACP (groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) déclinée dans douze pays ACP pilotes.
Le programme SWM
Ce programme présente le double objectif de conserver la faune sauvage, les écosystèmes et les services qu’ils rendent, tout en améliorant les conditions de vie et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations qui dépendent de ces ressources pour leur bien-être. Pour cela, il vise plus spécifiquement à expérimenter une exploitation légale et durable des populations d’espèces animales résilientes à la chasse et à la pêche par les populations rurales et autochtones, tout en augmentant ou en diversifiant les apports en protéines provenant de sources alternatives. L’approche multidisciplinaire innovante du programme est soutenue par un consortium de partenaires aux expertises complémentaires pour assurer la mise en œuvre du programme, incluant l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Wildlife Conservation Society (WCS), le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et le Center of International Forestry Research (CIFOR).
Le Chef de Coopération de la Délégation de l’UE s’est réjouit « de la dynamique de collaboration avec les services de l’Etat malgache autour de ce projet ». Il a souligné « le caractère inhabituel de l’association de compétences et de visions différentes au sein du consortium de partenaires chargé de la mise en œuvre du projet, qui permet d’espérer des approches innovantes pour faire face aux enjeux de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la réduction de la pauvreté et de la conservation de la biodiversité à Madagascar. »
La mise en œuvre de ce programme contribuera à appuyer Madagascar dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, notamment : L’ODD1 « éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » ; L’ODD2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » ; L’ODD12 « Établir des modes de consommation et de production durables » ; L’ODD15 « Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité » ; et L’ODD17 « Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement et le revitaliser ».
Endiguer la dynamique pauvreté-perte de biodiversité à Madagascar
A Madagascar, les populations rurales dépendent encore fortement de la chasse et de la pêche pour leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi pour leurs revenus, du fait de l’enclavement et des opportunités économiques limitées. Cette situation constitue un exemple de lien précaire homme-environnement, dans lequel les populations rurales en forte croissance démographique dépendent des écosystèmes pour leur subsistance, mais sont également responsables de leur destruction. En effet, pour de nombreuses espèces endémiques, la chasse est écologiquement non durable, même si elle fournit actuellement aux communautés locales des protéines et des micronutriments essentiels. Cette situation enferme les communautés locales dans un cycle de pauvreté, d'insécurité alimentaire et de mauvaise santé destiné à perdurer si la faune sauvage et son habitat naturel venaient à disparaitre sous les pressions humaines.
Pour briser ce cercle vicieux, le projet SWM Madagascar va tester un modèle visant à créer les conditions nécessaires pour pérenniser les stocks et sécuriser l’accès à la faune et son utilisation par les populations rurales les plus vulnérables, sans porter préjudice à la conservation de la biodiversité. Ceci nécessite de mettre en place des pratiques de chasse et de pêche appropriées permettant de prélever uniquement les espèces non-protégées les plus résilientes sans excéder la productivité du milieu, et de contenir la demande extérieure dans des limites raisonnables. Autant de défis que le projet se propose de relever en étroite collaboration avec les services de l’Etat concernés et les populations bénéficiaires, dans une démarche participative et respectueuse des droits des communautés.
« Grâce à ce projet, Madagascar a l’opportunité de réussir à concilier la conservation de cette biodiversité unique qui fait sa réputation, tout en améliorant le bien-être des populations rurales et en préservant leur identité et leurs modes de vie. » a expliqué le représentant de la FAO pour Madagascar, M. Patrice Talla.
Makira, plus grand bloc de forêts intactes de Madagascar
Le projet SWM Madagascar va être mis en œuvre sous le leadership de WCS et en collaboration avec les autres organisations partenaires du consortium, pendant cinq ans autour du Parc Naturel Makira. Ce site exceptionnel est l’un des derniers grands blocs de forêts intactes de la Grande Ile et la plus grande aire protégée de Catégorie II selon l’UICN.
Le modèle envisagé pour ce site vise plus spécifiquement à diminuer la consommation d’espèces protégées vulnérables, telles que les lémuriens, en améliorant l’accès à des sources alternatives de protéines. Pour cela, « nous allons promouvoir la consommation et améliorer l'accès à des espèces sauvages plus résilientes à la chasse, notamment des espèces exotiques, à travers l’organisation de cadres de chasse durable. » a précisé Hubert Boulet, coordonnateur du programme SWM pour la FAO. « Parallèlement, nous allons appuyer le développement de l’élevage de volaille et de la pisciculture pour augmenter les quantités de protéines d’origine domestique disponibles pour les populations » a-t-il ajouté.
« Le site de Makira est idéal pour aborder les problèmes d'exploitation non durable de la viande de brousse par une approche intégrée » a expliqué Morgane Cournarie, coordonnatrice du site pour WCS. En effet « des études préliminaires ont montré que les populations locales de Makira préfèrent la viande domestique lorsqu’elle est disponible et qu’elles ont la capacité et l’intérêt de mener à bien des activités d’élevage si certaines contraintes sont levées. »