Journée mondiale de la liberté de la presse 2021
03 mai 2021
Journée mondiale de la liberté de la presse 2021 : "L'information comme bien public”
Ce lundi 3 mai 2021, l’UNESCO célébrait le 28e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse avec pour thème “L'information comme bien public”. En raison de la pandémie de Covid19, cette célébration a eu lieu en ligne à travers trois table-rondes virtuelles sur “l’Accès à l’information pour tous”, “la Durabilité des médias, sécurité nationale et liberté de la presse” et “la Sécurité des femmes journalistes”. Ces trois discussions ont réuni une quinzaine de panélistes dont des membres du ministère de la Communication et de la Culture, des représentants de la société civile et des journalistes, et ont permis des échanges intenses avec les participants, notamment concernant l’avant projet de loi portant sur l’accès universel à l’information, la place des journalistes dans la lutte contre la COVID-19, la précarité du métier et les dispositifs d’amélioration possibles, etc.
Lors de son discours d’introduction, M. Issa Sanogo, Coordonnateur résident des Nations Unies à Madagascar, a souligné que “Les défis mondiaux auxquels nous faisons face pendant cette période de pandémie de Covid 19 révèlent que la diffusion d’informations fiables, vérifiables et accessibles à tous et à toutes est essentielle pour sauver des vies et construire des sociétés fortes et résilientes”. M. Sanogo a également rappelé l’engagement du système des Nations Unies, et notamment celui de l’UNESCO, “pour un journalisme indépendant, pluraliste, ainsi que la sécurité des professionnels des médias partout dans le monde.” signalant qu’il “est indispensable de protéger les journalistes des dangers de plus en plus grands dans l’exercice de leur travail”.
Madame Lalatiana Andriatongarivo Rakotondrazafy, ministre de la Communication et de la Culture a quant à elle affirmé qu’à l’instar des agents de la santé et des forces de sécurité, les journalistes font également partie des personnels essentiels pour faire face à l’actuelle crise sanitaire.” La ministre a invité les journalistes à “s’enquérir des diverses dispositions” de la loi sur la communication médiatisée des journalistes à Madagascar de 2020 qui “offrent une garantie indiscutable sur la liberté d’expression à Madagascar.”
Lors du premier débat sur l’accès à l’information pour tous, Reyna Rabiaza, directrice générale de la Communication au sein du ministère de la Communication et de la Culture a ajouté que “la porte du ministère de la Communication était toujours ouverte mais (que) comme dans tous les métiers, une loi est indispensable pour gérer les informations.” Selon Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International - Initiative Madagascar, il faut encore faire des efforts pour assurer la liberté d’expression à Madagascar car “lorsque des journalistes dénoncent des faits de corruption, ils reçoivent ensuite des menaces.” Elle a également souligné l’importance du soutien du Fonds pour la Consolidation de la Paix et de l’UNESCO avec le réseau MALINA et le magazine Trandraka, premier magazine d’investigation à Madagascar, deux outils nécessaires pour assurer la
lutte contre la corruption.
Pour la deuxième table-ronde sur la durabilité des médias, la sécurité nationale et liberté de la presse, Fetraniaina RAKOTONDRASOAVA, Directeur de la Régulation des médias au sein du ministère de la Communication et de la Culture a rappelé l'existence d’un protocole d’accord entre le MCC, les Forces de Sécurité et l’Ordre des journalistes, soutenu par l’UNESCO, qui “facilite le travail des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Ainsi, si un journaliste souhaite faire une enquête au sein d’un hôpital, le ministère facilite l’accès à l’hôpital ainsi que sa protection.” Pour Miary Rasolofoarijaona, Secrétaire Général de l’Ordre des Journalistes de Madagascar, “le rôle du journaliste c’est aussi de critiquer de façon constructive ce qui ne fonctionne pas, dans un objectif d’amélioration.” Enfin Jerry Edouard, directeur de publication de Dream’in TV, a mis en garde contre les “fake news” : “comme de
très nombreuses affirmations non officielles sont diffusées dans les réseaux sociaux, le public a du mal à discerner les faits des rumeurs.”
La dernière table-ronde sur la “sécurité des femmes journalistes” a mis en lumière les discriminations envers les femmes journalistes. Lova Rabary, rédactrice en chef de 2424.mg, regrette que “les rubriques politiques soient essentiellement destinées aux hommes car considérées comme difficiles (...) alors que les rubriques sociales reviennent souvent aux femmes car elles sont vues comme sensibles” et souligne le peu de représentativité de femmes à des postes de directions alors que les femmes journalistes sont nombreuses. Arphine Rahelisoa, journaliste au sein du quotidien “Ny Valosoa” dénonce les stéréotypes basés sur le genre : “il est plus difficile pour les femmes d’exercer ce métier car elles doivent aussi s’occuper de la famille, des enfants, du foyer.” Pour Anny Andrianaivonirina, présidente des Femmes Journalistes de Madagascar, le métier de journaliste est passionnant mais rencontre beaucoup difficultés : “notre salaire n’est pas très élevé et il faut obtenir l’égalité salariale, surtout qu’on est plus nombreuses que les hommes !”
Si beaucoup reste à construire concernant la liberté de la presse à Madagascar, les Nations Unies soulignent les efforts entrepris par Madagascar pour un accès universel à l’information.